Mon Cher Tugan,
Hier soir, j'ai découvert un objet qui va, je le pressens fortement, révolutionner, et de manière durable, mon existence (dont tu sais à quel point elle souffre d'un manque patent de distractions).
Je me promenais donc au centre commercial Labège XIV quand, alors que mes méditations solitaires m'entrainaient vers les cîmes de Seraphita, mon regard fut attiré par des objets comme sortis d'un rêve de Jaques Attali : des canettes masturbatoires. Non, Tugan, il ne s'agit pas de substituts légaux à destination de zoophiles repentis, non. Non, il ne s'agit pas non plus de remplacer du Coca par de la vaseline, non. Il s'agit d'un gode à l'envers, creux si tu préfères, dans lequel tu fourres ta nouille, tel un preux chevalier son épée dans son fourreau (la vibration en plus).
La vendeuse m'a drôlement vendu le truc, oh la la. Comme j'hésitais à l'acheter, elle m'a regardé droit dans les yeux, et là, déjà, j'ai senti ma quéquette toute dure. Et elle m'a dit : « Monsieur, je ne peux pas, pour des raisons évidentes d'hygiène que vous comprendrez aisément, vous faire essayer ces canettes. En revanche, moi, vous pouvez m'essayer. Et je vous assure, Monsieur, je vous assure, que c'est kif-kif bourricot. »
Comme ça, elle m'a causé, la vendeuse.
- Mais où ?, que j'ai dit, moi, toujours aussi pragmatique.
- Ben dans ma chatte, qu'elle m'a répondu.
- Oui, d'accord, je n'oserais vous demander ailleurs. Mais, enfin, pas ici, là, quoi, je veux dire...
- Non non, derrière, elle m'a dit.
Là, je comprenais plus, je savais plus, j'étais perdu, tu comprends.
- Derrière, y a un coin prévu pour ça.
- Bon, d'accord.
Et fiasco. Évidemment, fiasco. Dès qu'il me faut enfiler une capote, tu me connais... Et puis elle puait de la chatte, je devais pas être le premier client. Bon, j'ai quand même acheté le machin.
Une fois rentré chez moi, j'ai testé la canette. Et ce fut une réussite totale. Je me suis vidé comme jamais. Ça vibrait, ça aspirait, ça léchait... et ça fermait sa gueule ! 20 secondes de bonheur total.
Ajoute à cet idyllique portrait que ma canette est simple d'utilisation et, en prime, qu'elle contient un réservoir à foutre. Mes draps Ikéa ne s'en souviendront pas. Ma canette, la Nespresso de la bite.
Te rends-tu compte des progrès considérables dont mon existence se trouve enrichie ? Je m'étais déjà libéré des rapports professionnels (le RSA me suffit), je n'ai même plus à me trouver une greluche pour me vider les couilles !
La Possibilité d'une Île, qu'il disait, l'autre ! Je l'ai, moi, mon île ! Et j'irai ! J'irai !
Fedor Ouelbikitch, Lettre à Tugan Ciolineski, in Correspondance Générale, volume 36
7 commentaires:
"Tu sais, Fedor, par chez nous on a le rouleau de PQ dans lequel on met de la confiture. Ben ça marche aussi bien (mais c'est vrai que la mienne est plus petite que la tienne, on en a déjà causé).
Quand même, tu deviens vachement snob, depuis que tu vis chez les riches et que tu gagnes plein de sous, je trouve. Bientôt, tu nous causeras même plus."
Tugan.
(Extrait de lettre trouvé dans "L'Évacuation du Système", Tugan Ciolineski, note 2, page 822.)
Ce n'était pas plutôt dans ses Lettres du Bagne ?
Ce n'était pas la même missive, celle des Lettres du Bagne. Je crois, si mes souvenirs sont bons, qu'il remplaçait alors la confiture par de la purée de topinambours. Et Fédor était encore puceau, à l'époque.
(Mais je peux me tromper, je ne les ai pas relues depuis 62 ans, ces Lettres, et ma mémoire n'est plus ce qu'elle était.)
(Rappelons tout de même que Tugan était le grand-oncle par alliance de la mère de Fédor.)
Vous faites bien de le rappeler, Sophie. J'avais omis de préciser cette information capitale et nécessaire à la compréhension de cette oeuvre. On n'insistera jamais assez sur les liens familiaux.
J'ai bien ri. La belle littérature que voilà !
Il y a aussi des modèles en forme de longue-vue et avec différentes formes d'embout, commercialisés sur Internet depuis quelques années déjà (je n'ai pas testé).
Longue-vue, oui, pour voir la lune.
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