Ilumina oculos menos, nequando obdormiam in morte : nequando dicat inimicus meus : Praevalui adversus enum.







jeudi 22 juillet 2010

Ode à Charles Ingalls




Et si Charles Ingalls détenait la vérité ?
Je veux dire : à ne se poser aucune autre question que sa subsistance et à vivre tel qu'il le fait, n'est-ce pas lui, Charles Ingalls, qui devrait être notre modèle à tous ?

Charles Ingalls est marié et a cinq enfants (trois lorsqu'il arrive à Walnut-Grove, et sans compter les morts-nés ou nourrissons), il aime sa Caroline de femme, sa femme de Caroline l'aime, il aime ses enfants, ses enfants l'aiment et le respectent (il a aussi un chien, sans compter ceux qui sont morts).
Charles Ingalls a la foi, la foi chrétienne, c'est un protestant, un évangéliste, il se tape de la Trinité, il va à l'essentiel, Ingalls, il va à Dieu. Quand son fils adopté Albert sera entre la vie et la mort, il construira une tour de pierre à Sa gloire avec une croix au-dessus, et Albert sera sauvé (ça ne l'empêchera pas de mourir d'une leucémie puceau, mais passons).
Charles Ingalls ne se pose pas de questions concernant sa retraite ou sa sécurité sociale, lui : il bosse. Il travaille à la scierie, et il vend ses récoltes, son blé. Il fait tout lui-même, Charles, à part le ménage et la cuisine : ça, c'est Caroline qui s'y colle, toujours souriante à l'idée de satisfaire son mari (les gonzesses d'aujourd'hui feraient bien d'en prendre de la graine).

Charles Ingalls place l'honneur au-dessus de tout : ne pas s'endetter, ne pas dépendre d'autrui, ne pas mentir, ne pas voler, ne pas trahir, ne pas faire Caroline cocue.
Charles Ingalls ne se laisse pas marcher sur les pieds : c'est pas une tapette, le Ingalls. Une injustice ? Paf, un coup de poing dans la gueule, et ça repart comme en 40. Il est chez lui, Ingalls, et, s'il est accueillant, il est hors de question de venir l'envahir.
Il est poli, aussi, Charles. Il salue toujours madame Oleson, cette bourgeoise arrogante et mesquine. Ingalls le fermier sait vivre, et le peu qu'il a, il ne le doit à personne, si ce n'est à Dieu, qu'il prie avant chaque repas.

Un toit, un champ, une femme, des enfants : il n'en faut pas plus à Charles Ingalls pour connaître la joie.

La ville est le repaire des âmes damnées et corrompues par le vice, il faut l'éviter absolument. Mais la réalité écrase tout sur son passage, même le simili-éden walnutgrovesque : c'est la ruine, Walnut-Grove est en ruine, plus d'argent, plus de récolte, plus rien, il faut partir à la ville. Les putes, le jeu, l'alcool.
Ingalls se terre, Ingalls rumine, Ingalls prépare sa rédemption et celle de son village : il adopte un jeune vagabond et se tire avec ses exilés de walnutgroviens à Walnut-Grove : On va tout reconstruire, mes amis !
La fille devenue aveugle, la fausse-couche de Caroline, j'en passe et des meilleures, la vie continue, coûte que coûte : Ingalls avance.
Walnut-Grove revit.

Puis il faut se faire à l'évidence : la modernité (soit le néo-capitalisme) avale tout et ne permet pas de vivre entre soi - c'est la Chute. L'exode définitif en ville. Les terres qui n'appartiennent plus aux fermiers, mais aux financiers, aux investisseurs, aux abstraits. L'abstraction est la réalité de la modernité.
L'apocalypse n'est pas loin.
Dans l'ultime épisode, les habitants de Walnut-Grove, propriétaires terriens, propriétaires de leurs biens, responsables de leurs échecs, de leurs réussites, de leur fortune, de leur misère, refusant de devenir locataires et employés, font exploser toutes les maisons et constructions du village.
À part l'école, aussi église.
Car Dieu est responsable de leurs vies. Leurs vies dont il nous aura été donnés de voir la dernière épreuve, comme la fin d'un monde.
Le monde de Charles Ingalls. Et qui nous a fait, malgré tout, rêver.

8 commentaires:

Georges de La Fuly a dit…

Ouh là là.

Pascal Labeuche a dit…

Mais encore ?

Sophie K. a dit…

Perso, ça me faisait surtout ch... heu... ça me cassait pas mal les c... pardon. Enfin bref. Voui. Vive Madame Oleson, la maîtresse S.M. cachée de Charles Ingalls.
:)

Georges de La Fuly a dit…

Vous tenez vraiment à le savoir ? Eh bien quand on n'est pas inspiré, il vaut mieux s'abstenir. (Et je parle en connaissance de cause.)

Pascal Labeuche a dit…

Vous vous trompez, Georges, vous vous trompez.
D'abord, je ne suis jamais "inspiré". J'ai le désir d'écrire un machin sur mon blog ou pas. Là, j'ai eu envie, donc j'ai fait.
Ensuite, je l'aime bien, moi, ce machin sur Charles Ingalls. On n'a pas trop l'habitude d'entendre parler de La petite maison dans la prairie de cette sorte, et pourtant, il me semble que c'est ce qui fait tout le sens de cette série. Oui, je l'aime, ce texte.
En revanche, j'aurais pu vous suivre, pour l'abstinence, sur le texte juste avant, En vrac etc., bien trop brouillon, trop cantonné à l'état d'ébauche, trop baclé. Mais j'ai quand même une certaine tendresse pour lui.
J'ai donc bien fait de ne pas m'abstenir.

Georges de La Fuly a dit…

Parfait.

Silencieuse a dit…

C'était la seule série télévisée que j'avais le droit et presque le devoir de regarder l'après-midi quand j'étais en vacances, l'été, chez mes grands-parents maternels. Ils avaient un poste de télévision qui ne diffusait les images qu'en noir et blanc, leur premier téléviseur.

Pascal Labeuche a dit…

Et l'aimiez-vous, cette série, Silencieuse ?