Ça ne tient à rien, une main. Quelques os anarchiques, des ligaments frêles, et c'est une vie qui peut basculer. Et quand ça bascule, ça bascule en pleine solitude.
Quarante-six euros. Ces salauds ne se rendent pas compte à quel point ça peut être agressif, ce chiffre, ces euros, quand on bascule. On attend une main tendue vers la main, on entend quarante-six euros. Pourquoi quarante-six euros ? Pourquoi pas cent-vingt, ou vingt-huit, comme le préconise la sécu, la sécurité sociale, la CPAM, démerdez-vous avec ces termes, c'est comme la bite, le dard, le pénis, le phallus, le vit, allez-y donc, où on n'en sait rien mais seul c'est sûr, attendons deux mois, pourquoi pas trois, un, allons-y, la douleur paralysante bon ben y a des généralistes hein ma p'tite dame, vous voyez quoi, quoi, quoi ? on ne le sait pas mais quarante-six euros ça on le sait, opérer c'est risqué, pas opérer aussi mais ça mange pas de pain, une main, juste une main, la chaleur d'une main, mais c'est une main glacée tétanisée qui ne tient plus que par des ligaments rompus qui ne se solidifieront plus, une main livrée à elle-seule dans un corps impatient, un membre presque mort dont seule la souffrance nous rappelle qu'il est en vie, la peau est livide hélas et j'ai bu tous les rires.
On n'est jamais aussi seul que face à un médecin. En plus le soleil dégueulait contre les murs, et pour ne rien arranger il brille même pour les cons.
mercredi 9 février 2011
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8 commentaires:
Je crains que cela ne soit de plus en courant. Un anti-inflammatoire non remboursé, vous comprenez ça, vous ? Pas moi. Le médecin me demande si je veux que l'infirmière vienne chez moi pour me faire la prise de sang. Je veux bien mais c'est tout de même un luxe à peu près inutile. C'est remboursé. Ah bon, ben alors… En revanche, on ne vous rembourse pas un médicament dont vous ne pouvez pas vous passer… Oh, je sais, c'est ridicule, n'est-ce pas, de se plaindre pour une boîte de médicaments à 10 euros. Mais parfois, dix euros, c'est énorme. Et bien sûr, n'allez pas croire qu'il y aurait le moindre rapport avec l'immigration de masse, non, non, il faudrait être fou pour aller vers ce dérapage-là.
C'est humiliant, dix euros. On a besoin de se faire soigner, on cotise malgré soi (c'est-à-dire sans qu'on nous le demande) à la sécurité sociale, de son plein gré à une mutuelle, et il faut quand même, en plus de ça, raquer. Combien de fois me suis-je trouvé dans l'impossibilité de payer ces putains de médicaments que l'on m'a prescrits... Sur les trois dernières visites à la pharmacie (pour des maladies bénignes de mes enfants, grippes et compagnie), il m'a fallu payer dix-huit euros. On nous dit que ce sont des experts qui ont décrété que tels médicaments n'étaient pas d'une efficacité absolue ni même indispensables. Moi je veux bien, mais les médecins ne sont-ils pas des experts, alors ?
Se pose aussi le problème (dont je parle, entre autres, dans mon petit texte) de la fameuse convention secteur II, où le médecin peut pratiquer le tarif qui lui convient. Mais quand on est dirigé d'office vers ce médecin (suite à un accident par exemple), on fait comment ? C'est une honte, c'est une honte.
Nous avons donc d'un côté des gens aisés (et tant mieux pour eux) ou qui ont la chance par leur comité d'entreprise d'avoir une mutuelle remarquable (ce n'est hélas pas mon cas) qui se tapent des dépassements d'honoraires et autres pastilles jaunes, et de l'autre des assistés permanents qui ne paient rien. Entre les deux, on raque.
Je crois que vous auriez admis de payer cette somme en échange d'un diagnostic favorable et rassurant (même avec un dépassement d'honoraire), ce qui ne semble pas le cas, n'est-ce pas ? Je sens plutôt dans ce que vous écrivez la tristesse d'un échec pour A.
Cette déception a un prix arrogant.
Il y a de ça, oui.
Il y a l'accumulation, aussi, de ces colères impuissantes contre ces spécialistes contre lesquels on ne peut rien, et avec lesquels on ne peut rien non plus. Exiger plus que ce que l'on peut, parfois, pour quelque chose que l'on ne choisit pas, c'est immonde, c'est de l'abus de pouvoir pur et simple. Qu'un homéopathe demande des sommes astronomiques, je peux l'entendre, qu'un chirurgien le fasse, c'est ignoble. Surtout quand il laisse ses patients dans la souffrance et, malgré tous les examens éloquents et précis, le doute.
"Qu'un homéopathe demande des sommes astronomiques, je peux l'entendre,..."
Pas moi. Pour avoir hélas expérimenté le système médical, je crois dans la chance de tomber pile sur le bon médecin mais aussi la malchance d'être trompé voire abusé par des toubibs peu pointilleux niveau déontologique. Ils ne sont jamais fautifs, évidemment !
Je ne prône pas le "tourisme médical" mais je crois que la règle des trois avis contradictoires s'impose dans les cas les plus délicats, ceux où vous avez un doute justement.
C'est un parcours pénible mais utile, nécessaire.
Quant à la souffrance, la douleur, je sais qu'on peut la calmer efficacement. Il existe maintenant un peu partout dans les CHU (donc Toulouse ?) des unités de soins anti-douleur avec des médecins et des traitements adaptés.
Essayez de vous renseigner Pascal.
Je sais qu'à Paris cela fonctionne très bien.
N'ayez crainte, Kimou, nous ne sommes pas du genre à nous arrêter au premier tocard venu (au contraire, ça me file la rage), et je suis absolument d'accord avec votre règle des avis contradictoires.
D'ailleurs, nous avons rendez-vous dans quelques jours avec un des plus grands pontes de l'orthopédie française.
Alors, le résultat de ce rendez-vous ?
Un peu de patience, que diable !
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