On en viendrait presque à croire en l'éternité.
Nous avons mal au dos, nous avons froid, mais nous avons envie d'y croire, en l'éternité, au milieu de ces rues sereines, sûres d'elles sans ostentation, fières sans malice, joyeuses sans tapage.
Tout nous ramène vers Sainte-Cécile, comme si notre dernière demeure devait être la sienne.
Pourtant, nous rappelle la Trinité. Saint-Martin, aussi. Lascia ch'io Pianga résonne, nous revoyons presque Fréteval, le parc Ronsard nous inonde de printemps tandis que nous attendons le Père Noël bien longtemps après avoir été Joseph à Saint-Agne. D'ailleurs, le plateau de fruits de mer arrive ! Si la neige, aussi, pouvait arriver ! Et la cheminée que nous n'avons jamais eue ! Ah ! Le karaoké ! Le chevreuil trop cuit ! Les soirées à se marrer pour rien, parce qu'on est là, ensemble malgré tout. L'iode, les vagues, éternellement, la peau brûlée, la promesse du bleu, les Corbières, déjà, oui, et les cigales qu'on entend, presque, ça y est, on la touche au coeur, l'enfance qui ne mourra jamais alors qu'on voulait l'enterrer avant qu'elle ne soit morte ! La mort, la mort, la mort ! La vue imprenable ! Goldorak qui reste figé au fond, moi seul qui peux le voir, oui, et la Bénédictine, entourés de livres que nous sommes, oui, et cet amour trop pudique, qui trouve ses mots seulement sur le lit du mourant, bordel de merde ce qu'on peut être con, jamais le pardon, jamais, inexcusable. La mémoire, les souvenirs, la tombe. Jamais les mots, jamais. Les sacs, les valises, l'attente. Les coups d'interphone. Bouffer, bouffer, bouffer. Ne pas reproduire, ne jamais reproduire. Espérer. Vivre pour produire du passé. Au moins. Partir. Se rendre compte qu'on ne part jamais, que partir c'est revenir, en garder au moins le souvenir de l'espoir. Savourer le sourire de ses enfants. Ne pas leur en vouloir de grandir. Partir quand même. Revoir. Revoir tout ce qu'on a aimé, ne jamais l'oublier, prier pour que cela ne change jamais. Essayer de ne pas mourir lorsque l'on ne reconnait plus ce que l'on a aimé. Jamais les mots, jamais. Se rappeler que la virginité nous est toujours un peu accessible, et aller. Aller. Et ne jamais oublier. Jamais les mots, jamais.
samedi 11 décembre 2010
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3 commentaires:
C'est exactement ça.
(Et je n'arrive pas à commenter.)
Amitiés, Beuche.
ça se laisse apprécier sans mot dire.
Je vous remercie.
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