Ilumina oculos menos, nequando obdormiam in morte : nequando dicat inimicus meus : Praevalui adversus enum.







mardi 27 juillet 2010

Des choses qui arrivent, parfois

Une fois, j'ai été capturé par des types appartenant à une tribu primitive, chez eux, alors que je n'y étais jamais allé, j'étais là-bas sans jamais y être allé, vous comprenez ?, et un des types me filmait, il disait qu'ils allaient me tuer, et ils avaient la queue à l'air, ils se suçaient tous là-dedans, mon Dieu, et moi je ne savais pas où me mettre, heureusement qu'instantanément je me suis retrouvé dans un fauteuil rouge devant une télévision !
Il s'agissait d'un magicien extraordinaire invité par Patrick Sébastien, qui promettait quelque chose que l'on n'aurait jamais pu imaginer ! Et pour cause : il baisse son calbut, et hop, v'là-t-y pas qu'il se prend le service trois-pièces dans la main et, d'un coup d'un seul, se le retire littéralement du corps ! Comme quand on enlève un bras à une poupée Barbie, pareil ! Désarticulées, la bite et les couilles ! Mais ce n'est pas tout : et hop, il se remet tout ça aussi prestement de là où il se l'était sorti ! Ni vu ni connu ! J'ai mal pour lui.
Ce n'est pourtant pas de ça que je cause à mon ami que je ne connais pas et qui m'irrite profondément, sur l'autoroute déserte au milieu de laquelle nous marchons à travers champs, cette nuit printannière qui assiste à ma gêne. Car je suis gêné, j'ai honte et j'ai peur : à mesure que je parle, mes gencives produisent une sorte de vomi très solide, comme quand on mastique un aliment sans l'avaler, et je ne peux plus articuler qu'avec difficultés, je me retourne pour enlever ces scories, mais elles reviennent, elles reviennent, je crache mais elles reviennent, alors je laisse tout ça monter et envahir ma bouche, je me dis que si je ne force pas la nature un nouvel équilibre naîtra, mais non, pas du tout, je laisse faire et voilà que je m'étouffe, je m'étouffe, mes sécrétions buccales se densifient, elles vont emplir mon oesophage, mon larynx, mes poumons, tout, et l'autre con à côté de moi qui continue à marcher et à écouter mes paroles qui ne viennent plus...
En plus, ils veulent à tout prix qu'on aille habiter dans cette zone commerciale, industrielle, passagère, artisanale, universelle et carrefouresque. Je ne peux même pas parlementer avec eux, je ne sais qui ils sont. Les camions défilent la nuit, les camions défilent le jour, les routes enfilent la pluie, les routes dévient toujours, et je regarde par la fenêtre les errants qui viennent et ne partiront jamais, et les valises à la main attendant que demain advienne, nu et virginal, comme si jamais je n'avais existé.