Ilumina oculos menos, nequando obdormiam in morte : nequando dicat inimicus meus : Praevalui adversus enum.







samedi 23 avril 2016

15/04/16

A Paris il y a la "Nuit debout" ou un truc dans le genre. Kronembourg à gogo, ratés de la vie de tous âges qui jouent à la révolution dans leur vomi éthylique, badauds qui s'emmerdent, voilà le programme.
A Toulouse la Dépêche du midi nous fait rêver : "Euro 2016 : suivez la simulation attentats ce soir en direct avec "La Dépêche".
Partout en France François Hollande nous le certifie : "la France va mieux". Il ajoute qu'il nous dira en fin d'année s'il sera candidat pour la présidentielle de 2017. C'est dire si le suspense est à son comble et la ménagère de moins de cinquante ans ravie.
Alors on peut toujours se foutre de la gueule de Sollers (et je n'ai pas été le dernier) mais il faut avouer que son aphorisme est de plus en plus vrai : "Pour vivre cachés vivons heureux" : le bonheur ne peut plus être une fin, c'est la condition nécessaire à notre propre intégrité.
A part ça il faut écouter le dernier album de Katerine, Le Film.
"J'ai perdu mon papa, je le cherche partout."
Quand on lit ou entend ça on se dit qu'on a affaire à un petit garçon seul dans la rue, par exemple.
Quand on écoute la chanson dont cette phrase est tirée on sait qu'on a affaire à un quadragénaire dont le père est mort.
Régression ? Laissons les pauvres d'esprit genre Inrocks dire cela. Cynisme ? Laissons les beaufs à la Zemmour et consorts se vautrer dans leur surdité satisfaite.

Katerine est un type qui chante en pyjama et qui il y a peu de temps demandait dans un clip mémorable à son père et sa mère ce qu'il en était de la perspicacité de faire un film avec une femme nue et des handicapés (nous noterons au passage l'unicité de la femme (nue) et la pluralité des handicapés). Son père est mort le film n'a pas eu lieu un album se fait et s'intitule "Le film" - qui n'aura pas lieu. Et c'est bouleversant.
Le père est mort, on le cherche sans pleur, on ressent l'envie de tuer, alors on écrase un hérisson, plus personne ne peut rire, il n'y a rien de drôle, c'est burlesque, grotesque si vous voulez, et ce n'est absolument pas drôle, et voilà le prodige. L'inventaire des objets du mort se fait, les objets durent plus longtemps que les êtres, faut-il haïr celui qui portera le blouson du défunt ? Trop de gens, partout, les meutes de rollers, les voitures, on prend espoir avec une jeune femme qui fait du vélo mais si elle fait du vélo c'est pour trouver une bagnole, idiote, mais non tu sais pas la chance que t'as, ah les malentendus, t'es pas une idiote t'es une inconsciente, tu es heureuse et tu l'ignores, alors dans un dernier soupir, un dernier chant, une dernière prière, même, mais qui ne seront jamais derniers car tout recommence, en boucle, ne jamais oublier, se souvenir, le moment parfait, où les mots manquent, où le manque est loué, où l'on se raccroche à ce que l'on ne veut pas voir disparaître, ni finir ni recommencer, l'éternité pour qui veut la voir, ne l'oubliez jamais.
Et c'est magnifique et c'est un magnifique album, qui sera totalement méprisé et inaudible, j'en prends le pari.

Je me suis rendu compte que j'aime et que je suis aimé.
Il faut du temps et apprendre à écouter. Apprendre à écouter c'est apprendre non pas à se taire (ça c'est facile) mais à faire taire ce que l'on croit qui parle. Or rien ne parle sinon nous-mêmes qui nous taisons. Il faut donc pour entendre faire taire ce qui se tait en nous.
Aime et fais ce qui te tait.

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