A Paris il y a la "Nuit debout" ou un truc dans le genre. Kronembourg
à gogo, ratés de la vie de tous âges qui jouent à la révolution dans
leur vomi éthylique, badauds qui s'emmerdent, voilà le programme.
A
Toulouse la Dépêche du midi nous fait rêver : "Euro 2016 : suivez la
simulation attentats ce soir en direct avec "La Dépêche".
Partout en
France François Hollande nous le certifie : "la France va mieux". Il
ajoute qu'il nous dira en fin d'année s'il sera candidat pour la
présidentielle de 2017. C'est dire si le suspense est à son comble et la
ménagère de moins de cinquante ans ravie.
Alors on peut toujours se
foutre de la gueule de Sollers (et je n'ai pas été le dernier) mais il
faut avouer que son aphorisme est de plus en plus vrai : "Pour vivre
cachés vivons heureux" : le bonheur ne peut plus être une fin, c'est la
condition nécessaire à notre propre intégrité.
A part ça il faut écouter le dernier album de Katerine, Le Film.
"J'ai perdu mon papa, je le cherche partout."
Quand on lit ou entend ça on se dit qu'on a affaire à un petit garçon seul dans la rue, par exemple.
Quand on écoute la chanson dont cette phrase est tirée on sait qu'on a affaire à un quadragénaire dont le père est mort.
Régression ? Laissons les pauvres d'esprit genre Inrocks dire cela.
Cynisme ? Laissons les beaufs à la Zemmour et consorts se vautrer dans
leur surdité satisfaite.
Katerine est un type qui chante en pyjama
et qui il y a peu de temps demandait dans un clip mémorable à son père
et sa mère ce qu'il en était de la perspicacité de faire un film avec
une femme nue et des handicapés (nous noterons au passage l'unicité de
la femme (nue) et la pluralité des handicapés). Son père est mort le
film n'a pas eu lieu un album se fait et s'intitule "Le film" - qui
n'aura pas lieu. Et c'est bouleversant.
Le père est mort, on le
cherche sans pleur, on ressent l'envie de tuer, alors on écrase un
hérisson, plus personne ne peut rire, il n'y a rien de drôle, c'est
burlesque, grotesque si vous voulez, et ce n'est absolument pas drôle,
et voilà le prodige. L'inventaire des objets du mort se fait, les objets
durent plus longtemps que les êtres, faut-il haïr celui qui portera le
blouson du défunt ? Trop de gens, partout, les meutes de rollers, les
voitures, on prend espoir avec une jeune femme qui fait du vélo mais si
elle fait du vélo c'est pour trouver une bagnole, idiote, mais non tu
sais pas la chance que t'as, ah les malentendus, t'es pas une idiote
t'es une inconsciente, tu es heureuse et tu l'ignores, alors dans un
dernier soupir, un dernier chant, une dernière prière, même, mais qui ne
seront jamais derniers car tout recommence, en boucle, ne jamais
oublier, se souvenir, le moment parfait, où les mots manquent, où le
manque est loué, où l'on se raccroche à ce que l'on ne veut pas voir
disparaître, ni finir ni recommencer, l'éternité pour qui veut la voir,
ne l'oubliez jamais.
Et c'est magnifique et c'est un magnifique album, qui sera totalement méprisé et inaudible, j'en prends le pari.
Je me suis rendu compte que j'aime et que je suis aimé.
Il faut du temps et apprendre à écouter. Apprendre à écouter c'est
apprendre non pas à se taire (ça c'est facile) mais à faire taire ce que
l'on croit qui parle. Or rien ne parle sinon nous-mêmes qui nous
taisons. Il faut donc pour entendre faire taire ce qui se tait en nous.
Aime et fais ce qui te tait.
samedi 23 avril 2016
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