Ilumina oculos menos, nequando obdormiam in morte : nequando dicat inimicus meus : Praevalui adversus enum.







dimanche 17 mars 2013

Gravier




"Les jardins zen sont des trucs déprimants et pas rassérénants du tout. C'est comme les fontaines zen censées vous apaiser - moi ça m'apaise pas ça m'excite ce bruit de l'eau, et ça me donne envie de pisser. Alors vous vous souvenez des jardins zen et leurs graviers vous rappellent que vous risquez de souffrir car les calculs rénaux vous guettent.
Tout est toujours affaire de plomberie, m'étonne pas que Houellebecq ait des envies de suicide lorsqu'il a des problèmes de tuyaux. Si ça coule trop ou que c'est bouché tout s'effondre, l'eau est l'élément le plus fort, Bruce Lee l'avait compris. J'ai fait du Wing-Chun plus jeune, je me suis pris pour l'eau. Maintenant je suis vieux et je ne sens plus que la terre. Alors je donne des coups de râteau dans le sable de mon mini jardin zen, le moine me regarde sans me voir. Il y en a d'autres qui me demandent de ne pas les regarder. Ou pas comme ça. Enfin, ça ne coule pas, quoi.
Reste l'odeur, cet infini mis à la portée des pastiches. Et les traces de morsures qui hélas n'iront pas plus loin que la peau.
Le sang est moins productif que l'eau, les larmes continuent à couler quand le sang a déjà coagulé.
Ma gueule se sera écroulée dans le sable quand ce con de moine continuera à me regarder sans me voir.
Rien de plus cruel que le zen, je vous dis."

Ciolineski, Ma vie parmi le gravier, p. 171

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