
Cher Dominique,
Voilà un bon moment que je ne t'avais écrit ! À vrai dire je me porte très bien sans toi, merci.
Tes ratiocinations sur la bouffe et ton poids me font penser à celles d'un châtelain ancien écrivain reconverti dans la politique concernant les claquements de porte : toujours à s'en plaindre, jamais à s'en éloigner. Qu'auriez-vous à dire, sans vos plaintes lancinantes et ridicules ?
Rien.
Alors que moi je fais des expériences, tu vois, j'innove.
Aujourd'hui, par exemple, j'ai tenté de voir s'il était possible de se suicider en se serrant le crâne dans un étau. J'en ai conclu que non. Comment un organe peut-il dicter à un membre de le supprimer tout en étant le seul à ressentir la douleur ? Impossible. A moins d'en jouir. Alors là ce peut être l'orgasme, donc la mort.
C'est un peu comme se tailler une pipe. Comment se faire sucer la queue par quelqu'un qui n'est autre que soi qui suce sa queue ? C'est syntaxiquement impossible, donc c'est impossible tout court. La langue est bien faite - et pas de mauvais jeu de mots je te prie.
Bon, sur ce, comme on dit, je vais te laisser à tes affres stomacales pour poursuivre mes expériences que me dicte une volonté de puissance toute nietzschéenne : ce soir, au programme, c'est "Puis-je se faire jeter sous un train mes compagnons du rail par la seule force de mon mépris pour eux ?".
Tu comprends mon impatience.
Gave-toi bien, connard !
Lettre d'Alexander Crouvitchev à Dominique Fabrovitch, in Deux couilles valent mieux qu'une (et autres considérations sémantiques)
4 commentaires:
« "Puis-je se faire jeter sous un train mes compagnons du rail par la seule force de mon mépris pour eux ?". »
Wow ! Trop fort la syntaxe !
Ricanez, ricanez, j'en ai une à la maison qui a relevé la somptuosité de ma phrase, aussi.
Mais sachez-le, ô Jojo qui vit la résurrection tous les jours : je ne la changerai pour rien au monde !
Car lisez-la, relisez-la, encore et encore, faites votre chapelet de prières avec elle, et vous verrez !
Ah mais j'ai vu ! J'ai tellement vu que je suis aveugle.
Voilà.
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