
Je ne sais pas si c'est le sable, le soleil, l'inclinaison de la lune, mais le fait est là : les chacals de Photosphère sont lâchés.
Et ils sont déchainés, cette année ! De sexe essentiellement masculin, jeunes, le tee-shirt blanc et l'appareil-photo toujours prêt à être dégainé, les violeurs de votre image sévissent partout et tout le temps : bars, restaurants, bancs publics, et même, la grande classe, sur les plages.
Leur cible préférée ? Les jeunes enfants. Voir un gamin à poil, ça les excite. Ça leur fait dresser l'objectif, ça, et leur démarche débonnaire ne cache rien. Ils veulent les photographier, les enfants. Ça prend pas longtemps, qu'il disent, cinq minutes. Après quelques poses lascives, ils vous invitent à passer à la boutique pour voir les clichés, et bien sûr les acheter. Classique. Soit. Ils ont besoin de travailler, qu'on entend.
Non. Ils ont besoin de pénétrer.
De pénétrer votre insouciance relative, ponctuelle et naissante. Vous baissez la garde, et les chacals débarquent. De long en large et de large en long, ils écument la plage et vous ne pouvez plus jamais savourer le soleil sur votre peau, les embruns dans vos narines et l'eau salée qui vous berce. Vous ne pouvez plus jouir du simple plaisir d'être là.
En toute impunité, les chacals de Photosphère se dirigent vers vos enfants, vers vous si vous êtes de sexe femelle et ne dépassez pas 18 ans. Ils viennent vous chercher dans l'eau si besoin est.
Ah, comme on sent chez eux le regret de ne pouvoir photographier vos enfants sans votre consentement, pour pouvoir vous faire chanter après : j'ai des photos de tes gosses en maillot de bain, tu raques ou je les mets sur des sites spécialisés ?...
Il est incroyable de constater que nous vivons dans un pays qui interdit tout racolage aux prostituées (lesquelles n'ont pourtant jamais harcelé qui que ce soit) et le permettent aux putains de Photosphère, qui le pratiquent de la façon la plus ignoble qui soit.
Il y a vraiment des jours où l'on se dit que lorsqu'on n'est pas capable de casser la gueule à ce genre d'ordures, l'extinction des feux n'est plus très loin...
5 commentaires:
Eh ben je suis d'accord.
Rien à voir (en apparence), mais avant-hier, passant par Beaugrenelle, je me faisais la réflexion que les nouvelles boutiques, ouvertes sous le cache misère déjà rénové, ne vendaient que du "corps", ou plus exactement de quoi le remplir (mal, c'est un McDo), l'amuser, le soigner, le photographier, le brancher sur téléphone, laver ses vêtements, etc. Rien pour l'esprit, par exemple aucun libraire, ni disquaire (ça n'existe plus, les disquaires, c'est vrai, et les majors s'étonnent de ne plus vendre de disques...), cinéma, rien de rien, mais tout pour le corps, avec l'idée saugrenue de lui éviter la corruption tout en corrompant l'esprit qui l'habite.
Époque passionnante, non ?
(Contente de vous voir de retour.)
Si les boutiquiers se contentaient d'attendre le chaland, je n'aurais rien à foutre qu'ils ne s'occupent pas de l'esprit, comme vous dites.
L'agressivité, le racolage, l'insistance, la déshinibition totale, l'absence absolue de toute frontière entre le privé et le public, de toute distance entre les êtres, me dégoûte radicalement.
Oui, mais ça va de pair, dans un temps où le respect de l'intimité a disparu...
C'est la même mentalité, le même principe qui autorisent les démarcheurs à vous appeler chez vous à l'heure des repas pour vous vendre n'importe quoi, ou les télévisions (et encore là, on peut éteindre) à étaler les "réalités" de clampins béats. On vous fait constamment sentir que vous, vos enfants, votre vie, ne vous appartiennent plus. Elles appartiennent à la communauté. "Souriez, vous êtes filmé"...
Beurk.
Le démarchage par téléphone n'est rien à côté de ces empaffés : au téléphone, on peut toujours raccrocher. En face à face, à moins de foutre un coup de poing dans la gueule...
Alors il faut dire non, fermement, et envoyer chier, bref être dans le conflit en pleine paix.
Ben ouaip.
"Un bourre-pif ? En pleine paix ?" écrivait Audiard... :0)
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