Hier soir nous sommes allés à une conférence sur la mémoire humaine tout à fait passionnante.
J'y ai appris une chose qui m'a bouleversé et ne cessera je crois
jamais de me bouleverser : quand on fait ressurgir un souvenir à notre
conscience, on le fragilise, mais il y a pire : on y incorpore malgré
nous des éléments du contexte (tant physique que mental) dans lequel on
le fait ressurgir - en le restockant dans notre mémoire ces nouveaux
éléments s'y greffent, et ainsi de suite.
Ainsi, plus on se souvient d'une chose de notre vie, plus cette chose
s'altère, plus le souvenir s'éloigne de la réalité de la chose vécue.
Des psychiatre se servent de cela pour rendre supportable le souvenir
d'expériences traumatiques : en réactivant plusieurs fois ce souvenir
pour y agréger des éléments rassurants.
Je me rends compte moi-même
que, bien involontairement, les pires moments de mon existence, les plus
douloureux, ceux dont j'ai même pu me dire au moment où je les vivais
qu'ils seraient les dernières expériences de ma vie tant la mort
m'apparaissait comme un doux refuge, ces moments, donc, me sont toujours
apparus, après que l'orage fût passé, dans mon souvenir, comme toujours
empreints d'une mystérieuse douceur, leur résurgence est toujours
nostalgique, très mystérieusement, alors qu'au moment où je les vivais
c'était atroce.
Je me suis alors rendu compte que j'ai fait mon propre psychiatre sans le savoir.
Mais que l'on ne puisse jamais retrouver la pure réalité, pour ne pas
dire vérité, de nos souvenirs et qu'au contraire leur réactivation les
corrompe inexorablement, cela m'attriste profondément.
samedi 23 avril 2016
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