J'ai
une plaque à induction tout à fait magnifique, lisse, nette,
encastrée, avec une flamme qui lorsqu'on l'allume parait irréelle
tellement elle ne me brûle pas. Hélas si je n'ai pas de briquet je
ne peux plus allumer mes clopes, je me demande s'il ne valait pas
mieux la gazinière rabastinoise qui avait failli me tuer. Il ne me
reste plus qu'à passer à la cigarette électronique. Ou à ne plus
fumer. Car je suis un nouvel homme, enfin, mon champ est loin
désormais, et me répond la douce mélodie du métro qui s'engouffre
dans l'abîme souterrain de la ville comme mon âme dans la flamme
qui ne me brûle pas.
Le
coup de foudre peut tuer, c'est pas anodin ce truc-là, on se demande
si on y croit ou pas, mais c'est une question de puceaux ça,
évidemment qu'il existe, et évidemment qu'il foudroie, comme la
foudre coupe un arbre en deux, pareil. On croit qu'ainsi on aime,
mais non, enfin, on n'aime pas la personne qu'on croit aimer, non, on
aime par la personne, pas la personne,
et vice-versa, parce que c'est souvent réciproque cette affaire, on
aime par la personne l'amour qu'on croit avoir trouvé et par-delà
elle, mais elle est coupée en deux, et nous aussi, alors on est
quatre, ou plutôt quatre moitiés, quatre moitiés font deux mais
l'amour c'est trois, qui ne sait pas compter n'a jamais souffert.
Une
fois qu'on est trois, c'est-à-dire entier, on est bel et bien en
vie.
On
ne se brûle plus, on respire. On ne voit plus le gouffre au-delà,
on voit l'être aimé là où il est. On ne
veut plus fumer, mais danser, marcher, courir.
On
ne veut plus dire ni entendre « Maintenant je peux mourir »
mais « Maintenant je veux vivre ».
Voilà
peut-être ce que c'est, l'amour : la vie après la mort, la
mort si tentatrice par l'abandon de soi qu'elle impose pour flatter
notre dégoût de nous-mêmes. Mourir est sécurisant : il n'y a
plus à vivre. Vivre ne nous est jamais offert tandis que la mort si,
et tous les jours. Et l'on confond l'amour et la mort, qui se
prononcent de façon si semblable.
Vivons.
(à
Carine)
3 commentaires:
J'ai mis devant toi la vie et la mort (...) ; tu choisiras la vie. (Deutéronome, 30:19)
Citation fort à propos, merci Marc.
Bon. Vous n'êtes pas mort. Je suis bien contente.
Vous avez choisi la voie de l'artifice et la parisiannité... C'est amusant !
Moi je suis restée auprès du feu qui brûle : mais ce feu si puissant, c'est celui du foyer - dévolu à faire bouillir la marmite. Comme vous l'aurez sûrement remarqué, il n'y a guère moyen de jongler avec ce Dieu-là. [Cf : La /Psychanalyse du feu/ de Gaston Bachelard, qui n'est absolument pas un livre sur la psychanalyse, et que je vous recommande chaudement parce je sais qu'il vous plaira beaucoup.]
On ne valse pas avec les forces élémentaires - à moins d'être un Dieu soi-même ou de vouloir leur succomber (ce qui revient au même).
Salutations ! ;)
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