Ilumina oculos menos, nequando obdormiam in morte : nequando dicat inimicus meus : Praevalui adversus enum.







dimanche 12 juin 2011

Et entrez dans la danse



« La vie, c'est plutôt un hôpital qu'un festival », disait Céline à sa fille.
Aujourd'hui, cette distinction ne peut plus exister. La vie, c'est tout, absolument tout. A coups de marteaux hyper-démocratistes, le réel est devenu devoir d'exposition et dictature du renoncement à l'intimité. Rien de plus exposable qu'un malade. Chacun a le droit à son réel d'exposabilité souffreteuse, chacun prétend à faire partie de la vie, chacun veut avoir sa part du lit d'hôpital devant les caméras du spectacle permanent qu'est devenue la vie. Soignants, soignés, main dans la main dans la grande partouze universaliste du festival mondialisé de la maladie dont on sortira, bien sûr, guéris. Rien de plus démocratique que la vie.
La mort n'a plus sa place dans le XXIème siècle. Il faut des souffrants, mais des souffrants qui ne meurent jamais. On ne peut pas faire gueuler la vuvuzela dans un tombeau, on ne peut pas bouger son croupion dans les techno parades quand on est un cadavre, mais on on ne peut pas, non plus, lever les bras pour racoler des collègues à l'hôpital Edouard Herriot quand on n'a plus de malades.
Heureusement, Homo Post-Modernus ne manque pas de munitions pour alimenter Valetudinarium Mundi en chair à biberon.
Exemple entre mille, bientôt aura lieu la dite "fête de la Musique", qui diffère de la fête du Beaujolais (encore un exemple) en ce qu'elle se nomme "Musique" et pas "Beaujolais". Les carcasses pouponnesques des adonisants avinés permettront au Grand Soignant de l'Univers de perpétuer notre éternité immanente dans un masque morbide d'humanité révélée.
Mais il n'y aura pas mort d'homme, comme pourrait nous le dire quelqu'un qui s'y connait.
Le XXIème siècle, c'est la négation de la mort. On ne peut plus se cacher, si seul le vivant a droit de cité. On ne peut plus exister, si l'on n'est pas malade. On ne peut plus mourir, la caméra braquée sur la tempe.
« La vie, c'est un hôpital festivalier dont on ne sort jamais guéri », dirons-nous aujourd'hui à la suite de Céline.

4 commentaires:

Georges de La Fuly a dit…

Oh mon Dieu, ce clip est trop dur pour mes chastes oreilles, Beuche, j'ai pas aller jusqu'au bout. Ces salopes chantent comme des trous du cul mal lavés, on devrait les fusiller. Bouger son croupion, à la rigueur, j'ai rien contre, mais choisissons les croupions.

Marcoroz a dit…

Dans "Mort à crédit", avant que le livre me tombe des mains vers la cinquantième page, j'avoue que le début m'avait plu, et notamment ce passage où Céline mentionne qu'il était allé à Paris étudier "la médecine, cette merde".

Baudricourt a dit…

Pitié ! Laissez moi crever sur le trottoir !

Georges de La Fuly a dit…

« Avant que le livre me tombe des mains vers la cinquantième page » ??? Mon Dieu… là on atteint des sommets.