Pot-au-feu

Parfois il m'arrive de craindre, à force de gratter et malaxer mes os malaires, que ceux-ci s'effritent, un peu comme les os de lapin ou de poulet de mauvaise qualité, dont on souhaite extraire la misérable moelle tant on veut tout pénétrer de notre tyrannique avidité.
Ah qu'il est bon de se sentir rejeté par les cercles d'amis si aimables ! Si amicaux ! Si entre eux, si entre nous, mmmhhhhhhhhh, que je rigole à ta vanne, mmmmh, que je souris à ton regard, mhhhhhhhhh, que je me sens si tien, que je nous sens si nôtres, que je te sens si mien, mais moi non, je fais honte, ah oui je fais honte, mais ces cercles concentriques sont si concentriques qu'ils n'osent tout à fait rejeter, ils sont si gentils, vraiment, et moi si con, ah oui si con ! et je gratte toujours mes malaires, je sens presque l'os nu là, la moelle va-t-elle sortir je n'en sais rien, on est un peu gêné autour de moi, je gratte je gratte je gratte, ça rigole hein ça rigole, ça regarde un peu gêné, on a une réputation à tenir nous autres, on n'est pas au sanatorium de Davos quand même faut pas charrier faut pas gratter, les furoncles les os tout, madame Chauchat n'est pas là, évidemment, faudrait pas qu'il montre sa biroute ce con-là en plus, crie pas trop fort, ils sont là, je suis là, ah beh moi aussi, ça fait bizarre hein, et si je me foutais une bastos dans la gueule là, devant toi, devant vous, les cercles concentriques, je gueule, oui, je gueule, j'ai pas encore sorti le flingue, de toute façon j'en ai pas, rassure-toi chérie, on pourra encore discuter, ah, discuter, ça résout tout ça, discuter, et puis gueuler, il est fou, il est fou, ah oui il est fou, il gueule, il gueule, à côté ça rigole, putain qu'est-ce qu'on se marre, on est ensemble, mmmhh on se tient chaud, mais qu'est-ce qu'il a ce con, il est taré, il faut qu'il consulte,la pauvre, plaignons-la.
La. lalalalalalalalaaallalalaalalalala.
Halali sur l'ouh lala.
Et la moelle ne sort toujours pas.